Plus question pour Alassane Ouattara de laisser son image être écorchée dans la presse impunément. Le président ivoirien a donc porté plainte contre la Lettre du Continent qui lui a attribué un budget de souveraineté « imaginaire ».
Quand Alassane Ouattara veut se faire respecter par la presse
La guéguerre entre le pouvoir exécutif et la presse, considérée comme le 4e pouvoir, remonte depuis la nuit des temps. Mais, entre l’étau de la liberté de la presse et du droit à l’information, le président Alassane Ouattara a décidé de mettre des garde-fous pour éviter que des informations jugées mensongères ne soient diffusées sur son compte. Aussi, le chef de l’État ivoirien a-t-il « porté plainte en France » contre le bimensuel pour « fausses informations ».
En effet, ce journal avait annoncé dans l’une de ses parutions fin août 2017 que « le président Alassane Ouattara bénéficie, dans la plus grande discrétion, d’un fonds de souveraineté de 342,6 milliards FCFA, en hausse de 20 milliards par rapport à 2015 ». Par sa plainte, le président ivoirien entend dénoncer « des informations mensongères et gravement diffamatoires qui portent atteinte à l’honneur et à la considération du président de la République », sans oublier de leur faire cette mise en garde sévère : « Nous surveillerons ce journal, chaque fois qu’il fera des dérapages, nous porterons plainte. »
Cependant, se pose le problème de la dépénalisation du délit de presse en Côte d’Ivoire. Tandis que des journalistes sont visés par de simples plaintes en diffamation à paris, d’autres sont interpellés et emprisonnés à Abidjan.
Lors de la cérémonie de remise du rapport annuel du Conseil national de la presse (CNP), le président Ouattara déclarait : « Nous avons une presse qui est excessivement politisée », invitant par ailleurs les journalistes à « faire preuve d’objectivité » dans leurs contenus.
En février 2017, six journalistes ivoiriens avaient été placés en garde à vue pour avoir évoqué une prime de 17 millions de FCFA versée par le gouvernement ivoirien à chacun des éléments des Forces spéciales qui s’étaient mutinés.
Laurent Despas, le directeur général d’un site d’information local, avait également été inculpé après une interview de Michel Gbagbo, le fils de l’ex-président ivoirien, qui avait évoqué l’existence de « prisonniers politiques » en Côte d’Ivoire.
Me Rodrigue Dadjé, l’avocats des accusés, avait alors déclaré : « Les journalistes pourraient désormais se faire condamner pour avoir simplement recueilli les propos de personnes ou personnalités si le pouvoir ivoirien estime ne pas partager ce point de vue. »