Presque rejeté par le Rassemblement des houphouetistes pour la démocratie et la paix (RHDP, coalition au pouvoir en Côte d’Ivoire), l’ex-directeur adjoint de la clientèle entreprise à la Banque internationale pour le commerce et l’industrie en Côte d’Ivoire (BICICI), Jean-Baptiste Pany a été élu, le 24 mars, sénateur indépendant de la région de Sassandra (sud-ouest) avec plus de 60% des voix, à l’issue des élections.
Un arrière-goût amer pour RHDP
Après 10 années passées à la BICICI, Jean-Baptiste Pany, 50 ans, a décidé de démissionner de son poste de directeur adjoint de la clientèle entreprise pour « se consacrer » à sa nouvelle fonction. Lui, qui envisageait pourtant renoncer à se présenter aux sénatoriales au profit de la liste de la coalition au pouvoir, le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) dont il est issu.
« La pression des populations », soutient-il, lui a « fait comprendre qu’il ne fallait pas » qu’il abdique ».
S’il a été élu, ce n’est pas parce qu’il a « du mérite », mais c’est surtout parce que sa candidature a fait l’objet d’un consensus auprès des populations qui le reconnaissent comme « l’un des leurs », et aussi parce qu’il a été adoubé par les collectivités locales dont il se présente comme le représentant.
Son parti, le Rassemblement des républicains (RDR, parti présidentiel, membre du RHDP) avait rejeté sa candidature au profit d’un autre cadre. Il décide, avec le soutien des collectivités locales, de s’allier à Amélie Beugré, conseillère régionale, pour former une liste indépendante contre le RHDP.
Face à « une liste bancale » du RHDP, qui ne reflétait pas « la volonté du peuple », M. Pany et Mme Beugré sont déclarés élus avec 60% des voix.
« Les populations n’ont pas été dupes, elles nous ont votées parce qu’elles voulaient le changement », affirme Jean-Baptiste Pany, père de sept enfants.
Le parcours du banquier RHDP
Devenu banquier après de brillantes études qui l’ont notamment conduit à l’université de Cocody (Est Abidjan), où il a décroché une maîtrise en sciences économiques en 1992, il est titulaire depuis 2001 d’un diplôme d’ingénieur en banque obtenu au conservatoire des arts et métiers à Paris.
Fort de ses 23 ans d’expérience comme banquier, il s’est fixé pour objectif de mettre un accent sur le développement économique de la région Sassandra qui a « accusé un retard ».
Le développement économique de la région de Sassandra, nouveau défi pour le sénateur, également titulaire d’un certificat PMD (Program for management development), obtenu en 2016, à L’IESE business school, de Barcelone, une école d’élite de l’université de Navarra en Espagne, qui a promis d’examiner avec attention des textes de loi, en particulier la loi des finances.
A peine élu, il envisage d’être candidat à sa succession en 2020, jugeant très court la durée de son mandat pour dérouler ses projets de développement de la région de Sassandra, zone de production du cacao qu’il connaît très bien, y ayant fait une partie de ses études. Né à Abidjan, c’est à Sassandra qu’il est éduqué par son oncle.
En attendant, Jean-Baptiste Pany, qui n’a pas encore digéré la décision de son parti, ignore encore s’il va se rallier aux autres sénateurs élus de sa formation.