Alors que le mandat de la Monusco vient d’être renforcé et prorogé, Joseph Kabila entend mettre fin à la présence de la mission onusienne dans son pays. Par la voix de son ministre des Affaires étrangères, le président congolais l’a signifié, ce mardi, lors d’une conférence de presse.
Le haro de Joseph Kabila sur la Monusco
La Mission de l’Organisation des Nations unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (Monusco) est désormais indésirable pour les autorités congolaises. Ce désamour entre la mission des Nations unies et Kinshasa est consécutif aux différents rapports transmis par les responsables de la mission à New York (siège de l’ONU).
Selon ces rapports, la situation humanitaire dans les provinces congolaises du Tanganyika, Sud-Kivu et Kasaï est très alarmante, car classée au niveau « d’alerte 3 », c’est-à-dire à la même enseigne qu’en Syrie, en Irak et au Yémen. Léonard She Okitundu, ministre congolais des Affaires étrangères, par ailleurs vice-premier ministre, est aussitôt monté au créneau pour dénoncer une exagération dans le rapport qui est fait sur son pays.
« Ce classement projette une image de catastrophe extrême et généralisée assimilant la situation en RDC à certains pays du monde où se déroulent des guerres de haute intensité », a-t-il indiqué, avant de préciser que « ce n’est absolument pas le cas de la RDC qui fait plutôt face à des attaques non conventionnelles et asymétriques des groupuscules terroristes et groupes armés criminels ».
Cependant, plutôt que de faire profil bas, les hommes d’Antonio Guterres (Secrétaire général de l’ONU) ont opté pour une présence accrue et prolongée en RDC avec une nouvelle feuille de route, celle d’aider à préparer les élections du 23 décembre prochain. Aussi, le Conseil de sécurité a adopté à l’unanimité de ses membres, le 27 mars dernier, un renforcement du mandat de la Monusco.
Mais pour le chef de la diplomatie congolaise, « ce mandat était considéré comme l’avant-dernier avant un retrait définitif de la force après vingt ans de présence dans notre pays ». Il dit avoir porté cette position officielle de son pays à la connaissance du Conseil de sécurité. Même son de cloche pour le président Kabila qui déclarait lors d’une Assemblée générale de l’ONU, en septembre 2017, que « la force onusienne ne peut nourrir l’ambition de rester indéfiniment » en RDC.
À noter qu’avec un « effectif maximum autorisé de 16 215 militaires, 660 observateurs militaires et officiers d’état-major, 391 policiers et 1 050 membres d’unités de police constituées », la Monusco est indéniablement le plus important contingent onusien au monde.