Les présidents Alassane Ouattara et Macky Sall ne cessent d’œuvrer, chacun pour son compte, afin d’assurer le rayonnement de son pays sur la scène internationale. Mais à y voir de près, leurs gouvernances s’apparentent à un véritable duel à distance qu’ils se livrent ?
Une comparaison Macky Sall – Alassane Ouattara qui fait débat
Qui de Macky Sall et d’Alassane Ouattara a la signature la plus crédible sur la scène internationale ? C’est à cette thématique qu’un observateur sénégalais a tenté d’apporter une réponse en passant au crible les faits et gestes des présidents sénégalais et ivoirien. D’entrée, il a été constaté que l’économie ivoirienne est nettement mieux nantie que celle du Sénégal, cependant, les autorités sénégalaises jouissent d’une meilleure confiance auprès des bailleurs de fonds.
A en croire Madiambal Diagne, auteur de cette comparaison : « La Côte d’Ivoire s’était jetée sur les marchés financiers du 9 au 15 mars 2018, pour une opération de lancement d’Eurobonds. C’était juste dans la foulée de l’opération lancée avec un franc succès par le Sénégal. Le gouvernement ivoirien se faisait un point d’honneur de damer le pion au Sénégal qui a été positivement sanctionné par les marchés internationaux. Ainsi, le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly avait conduit la délégation de son pays pour draguer les investisseurs internationaux. »
Cependant, il ajoute : « L’audace du Sénégal d’entrer dans le club fermé des 4 pays africains à oser lancer des emprunts sur une durée de 30 ans n’avait pas manqué de fouetter l’ardeur des autorités ivoiriennes. Résultat des courses ? La Côte d’Ivoire réussira son pari d’emprunter sur 30 ans en dollars américains, mais a pu constater que la signature du Sénégal devient meilleure que la sienne. En effet, là où le Sénégal a emprunté à un taux d’intérêt de 6,25% pour un montant de 1 milliard de dollars, la Côte d’Ivoire a levé 850 millions de dollars à un taux de 6,625%. »
Ce duel de présidents n’est pas l’apanage d’Alassane Ouattara et Macky Sall seuls. Leurs prédécesseurs s’étaient également livrés à ce jeu de positionnement. Qui ne se souvient pas des duels Félix Houphouët-Boigny – Léoplod Sédar Senghor, Henri Konan Bédié – Abdou Diouf, Laurent Gbagbo – Abdoulaye Wade ?
A travers cette comparaison, l’on constate que Dakar et Abidjan ne cessent de s’adonner à cette course à distance pour être la vitrine de la sous-région ouest-africaine, voire de l’Afrique subsaharienne toute entière. Mais à la différence du président Sall, le président Ouattara s’implique directement dans les opérations lancées par son pays sur le marché international, constate le journaliste.
Notons par ailleurs que les deux chefs d’Etat s’étaient précipités aux portes de l’Elysée, en juin 2017, pour porter le symbole, certainement très honorifique, du premier chef d’Etat africain reçu par le président Emmanuel Macron.Alors que le président du pays de la Teranga avait une visite programmée avec le tout nouveau président français le lundi 12 juin dernier, son homologue ivoirien aurait fait du forcing auprès de la diplomatie française pour être reçu avant le Sénégalais, c’est-à-dire le dimanche 11. Et pourtant, c’était jour d’élections en France, et le président Macron avait un programme très chargé, lui qui voulait s’assurer une majorité à l’Assemblée nationale.
Les 30 minutes de réception qu’a duré la rencontre Macron – Ouattara a été mal perçu à Saint-Louis, Rufisque, Ziguinchor, Thiès, Guédiawaye, Tambacounda, Pikine et bien d’autres villes sénégalaises, car Dakar rêvait d’être la première capitale à franchir les portes de l’Elysée sous Macron. Même si la visite de Macky Sall, le lendemain, a duré un peu plus, les enjeux n’étaient plus les mêmes. Ce coup bas d’Alassane Ouattara (76 ans) à Macky Sall (56 ans) est jusqu’alors ruminée par la diplomatie sénégalaise.
Mais l’on se demande jusqu’où iront ces deux présidents dans la course au leadership en Afrique.