Flanquée d’un tablier bleu nuit, une tondeuse électrique dans une main, Eva N’dri Kouakou, alias « Eva love » coupe avec aisance les cheveux d’un client, dans son salon de coiffure situé à Abobo, un quartier populaire au nord d’ Abidjan.
« Eva love », la fille qui coiffe les hommes
Originaire de Bouaké, dans le Centre ivoirien, « Eva love », 27 ans, s’est très tôt intéressée à la coiffure homme pour « subvenir à (ses) besoins », vu que sa famille était « confrontée à des difficultés financières ».
« Quand j’étais encore petite », explique la jeune dame, environ 1, 60 mètre, « mes parents me frappaient beaucoup. Alors, chaque fois qu’ils voulaient me battre, je fuyais la maison pour me réfugier dans le salon de coiffure qui était à côté de notre maison ».
« C’est comme cela que le propriétaire du salon m’a dit que le métier de coiffeuse n’est pas réservé uniquement qu’aux hommes et que je pouvais le faire, si je le voulais ».
Installée à Abobo depuis près de huit ans, « Eva love », teint clair, tressée en dreadlocks, a fini par convaincre sa clientèle par son talent, sa « persévérance » et son professionnalisme.
« Elle coiffe bien, c’est elle qui coiffe la plupart des membres de ma famille », atteste Oumar Moro, la trentaine, venu se faire couper les cheveux, soutenant qu’il a convaincu certains de « ses amis » à fréquenter le salon d’Eva.
Dans son salon, la jeune coiffeuse partage le local avec Voli Dié, 35 ans, originaire de Gohitafla, (Centre-ouest) de la Côte d’Ivoire.
« Eva est très accueillante », affirme-t-il. Il arrive par moment que nous ayons « des prises de bec », mais cela reste dans le cadre du travail ».
« Affable et sérieuse » dans ce qu’elle fait, Eva qui dit recevoir une quinzaine de clients par jour confie avoir formé trois jeunes filles, aujourd’hui installées à leur compte.
« Ces filles font ma fierté. En plus, elles sont reconnaissantes et elles m’appellent de temps en temps », dit-elle, heureuse.
Célibataire et mère d’une fille âgée de neuf ans, Eva « ambitionne de créer une association d’aide aux femmes, afin de leur apprendre des petits métiers qui leur permettront de se prendre en charge ».