Dans le combat fratricide que se livrent Aboudramane Sangaré et Pascal Affi N’Guessan pour le contrôle du FPI, tous les coups pourraient être permis. Le second cité serait-il donc de mèche avec le pouvoir d’Abidjan pour empêcher la marche du premier ?
Affi N’Guessan et Aboudramane Sangaré, une bataille pour la légitimité au FPI
Depuis la chute de Laurent Gbagbo en 2011, son parti, le Front populaire ivoirien (FPI) peine à trouver sa stabilité et à se réaffirmer sur le terrain politique. Cassé en deux branches, l’une rigide dirigée par Aboudramane Sangaré, et l’autre modérée conduite par Affi N’Guessan, l’ancien parti au pouvoir se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins.
Et pourtant, les deux leaders des frontistes ne cessent de se combattre, directement ou indirectement, pour avoir le contrôle du parti. Aussi, dans cette lutte de positionnement, chacun y va de ses armes et de sa stratégie pour prendre le dessus sur son adversaire.
En témoigne la bataille juridico-judiciaire qu’Affi N’Guessan et Aboudramane Sangaré se sont livré devant la justice ivoirienne. Le tribunal a certes tranché en faveur de l’ancien Premier ministre de Gbagbo, par conséquent reconnu par les autorités ivoiriennes, mais « Le gardien du temple » jouit plutôt d’une certaine légitimité au sein des militants de base dans leur grande majorité.
A cet effet, le camp Sangaré encore appelé « les Gbagbo ou rien » avait entrepris d’organiser une « fête de la Liberté » les samedi 29 et dimanche 30 avril 2017 à Akouré, dans le département d’Alépé. Mais, le camp Affi s’était opposé à la tenue de cette manifestation, au motif que la « fête de la Liberté » est une célébration statutaire dont les pro-Sangaré n’ont pas droit. Les pro-Affi avaient alors alerté les autorités administratives aux fins de l’empêcher. Ce que fit Benjamin Nanou, préfet d’Alépé par arrêté N°17/R-ME/DPT-AL/P-AL/SG. Toutefois, Sangaré et ses camarades de parti ont tenu leur célébration qui a par ailleurs connu un véritable succès populaire.
Eu égard à ces précédents entre les deux frères-ennemis, tout devient donc sujet à caution et à interprétation à Abidjan. Affi N’Guessan et Sangaré Aboudramane avaient appelé leurs militants respectifs à marcher, ce jeudi 22 mars, pour exiger la réforme de la Commission électorale indépendante (CEI) conformément à l’arrêt de la CADHP.
Alors que la manifestation des pro-Sangaré avait été sévèrement réprimée par la police, celle des pro-Affi a pu être menée jusqu’à son objectif final, à savoir déposer un mémorandum au siège de la CEI.
Cette dichotomie dans le traitement des opposants a donc suscité une vive polémique sur les rives de la lagune Érié. Pascal Affi N’Guessan a-t-il quelque chose à voir avec la repression de la marche d’EDS ainsi que de l’arrestation de plusieurs responsables de cette coalition de l’opposition ?
En attendant d’en savoir davantage, George Armand Ouegnin, président de EDS et ses camarades opposants continuent de dénoncer la tenue des élections sénatoriales.