Les Dozo ont décidé de prendre en main la sécurisation de la ville de Vavoua. Mais en contrepartie, les populations de cette localité du centre-ouest de la Côte d’Ivoire devront verser à cette confrérie de chasseurs traditionnels une cotisation mensuelle.
Quand les Dozo s’érigent en force de sécurité
Il est indéniable que depuis l’éclatement de la guerre en septembre 2002, l’indice de sécurité s’est fortement dégradé en Côte d’Ivoire. Si l’ancienne zone gouvernementale est relativement sécurisée, en dépit des incursions des « enfants en conflit avec la loi » plus connus sous l’appellation « microbes » et autres bandits de grand chemin, ce n’est véritablement pas le cas pour les anciennes zones CNO (Centre-Nord-Ouest) sous contrôle de l’ex-rébellion. Les braquages, les coupures de routes, les larcins et autres agressions sur les populations civiles sont le quotidien de ces villes où des milliers d’armes sont encore en circulation.
C’est fort de ce triste tableau et de la montée d’une insécurité galopante que les Dozo vivant à Vavoua se sont engagés à prêter main-forte aux forces de défense et de sécurité de cette ville pour permettre à la population de vivre en toute quiétude. Ainsi, grâce à leur déploiement de chaque nuit, la sécurité revient peu à peu dans la localité. Cependant, cette prestation n’est pas gratuite, car il a été imposé à la population une cotisation mensuelle, dont les habitants devront impérativement s’acquitter. Ces chasseurs traditionnels ont donc désigné en leur sein des personnes chargées d’encaisser 500 francs CFA pour chaque ménage, 1000 francs CFA pour les propriétaires des boutiques et 2000 francs CFA pour les détenteurs des magasins, selon ce qui serait convenu avec la population. Information par ailleurs confirmée par le maire Théodule Diro Lahuet.
Mais qu’adviendra-t-il si la population n’arrive pas à s’acquitter de cette cotisation mensuelle entre les mains des Dozo ? Pourquoi confier la sécurité des personnes et des biens à des chasseurs traditionnels qui n’ont aucune formation en la matière ? Et si dans leurs actions, il y a des violations des droits de l’homme à l’image des Koglweogo au Burkina Faso, qui en sera responsable ? Et si c’était eux-mêmes qui créaient la véritable insécurité dans la ville ? Il y a tellement d’interrogations à ce sujet que l’on a l’impression que la population de Vavoua est prise en otage par ces Dozo.
Notons que durant les années de la rébellion, c’est le lieutenant-colonel Koné Zakaria, un proche de cette confrérie, qui était le Commandant de zone (Com’zone) de cette localité.