Depuis sa cellule de la prison de Scheveningen, Charles Blé Goudé ne cesse d’utiliser certaines métaphores pour s’adresser aux Ivoiriens et à l’ensemble des Africains. L’ancien leader de la galaxie patriotique s’est cette fois-ci comparé à un tubercule de manioc pour exprimer la solitude qu’il traverse ces dernières années.
Charles Blé Goudé réduit au sort d’un tubercule de manioc
En procès devant la Cour Pénale internationale (CPI), Charles Blé Goudé compare sa situation au sort réservé aux tubercules de manioc. Après l’émouvante histoire de chiens qu’il a racontée lors de l’arrestation puis la détention de Kamaraté Souleymane Koné dit Soul to Soul, le général de la rue remet les couverts, cette fois-ci pour parler de sa propre histoire.
Arrêté au Ghana le 17 janvier 2013, puis extradé en Côte d’Ivoire, l’ancien ministre de la Jeunesse de l’ancien régime passera un séjour de quatorze (14) mois à la Direction de la surveillance du territoire (DST) à Abidjan, avant d’être transféré, le 22 mars 2014, à la CPI. Son procès avec celui de son mentor Laurent Gbagbo suit son cours à La Haye. Tous les quatre-vingt-deux (82) témoins de l’accusation sont déjà passés à la barre de cette Cour pour tenter de démontrer l’éventuel « plan commun » mis en place par le clan Gbagbo pour se maintenir au pouvoir « par tout moyen » tel que soutenu par la procureure Fatou Bensouda.
Cependant, en dépit de toutes les dépositions qui tendent le plus souvent à l’enfoncer pour le maintenir en prison le plus longtemps possible, le président du Congrès panafricain pour la justice et l’égalité des peuples (COJEP) a une foi inébranlable. « De cet enfer, je reviendrai », a-t-il écrit dans sa dernière publication éponyme. Il explique par ailleurs que son sort est identique à celui réservé à des tubercules de manioc qui sont le plus souvent abandonnés dans la broussaille, mais qui deviennent subitement importants pendant les périodes de disette et de vaches maigres.
Blé Goudé raconte son histoire de manioc
« Mon enfance était rythmée par les longues balades en forêt que je faisais avec mon défunt père pour aller à la recherche d’hypothétiques tubercules de manioc.
Ces vieilles buttes de manioc qu’on oublie et dont on ne se souvenait que pendant les périodes de famine, lorsque l’on n’avait plus le choix.
Et c’est cette rareté qui conférait à ces tubercules un goût si savoureux.
Eh oui !!!
En effet, ils avaient un goût particulier. Je n’ai toujours pas compris pourquoi on les abandonnait ainsi dans la broussaille.
Encore un de ces mystères du comportement de l’être humain.
Tout ce que j’ai entendu et vécu après la crise postélectorale, tout ce que je continue de vivre, me fait penser au sort réservé à ces tubercules de manioc. »