Le dialogue politique intertogolais conduit par le président Akufo-Addo est en passe de se solder par un échec. L’opposition qui s’est sentie flouée lors des discussions entend passer à la vitesse supérieure en annonçant de nouvelles manifestations de rue.
L’opposition menace de manifester à nouveau au Togo
Réunie au sein d’une coalition de 14 partis, l’opposition se sent véritablement trahie par le pouvoir. Après maintes manifestations, l’indignation des responsables de l’opposition avait eu un bain de glace quand le pouvoir a annoncé le processus du dialogue politique. Aussi, sous la houlette du président ghanéen Nana Akufo-Addo, le dialogue s’est effectivement tenu dans la capitale togolaise, Lomé. Après deux jours de pourparlers, les 19 et 23 février derniers, les deux camps peinaient à accorder leurs violons.
Le point d’achoppement de ces discussions est indubitablement la question de la loi fondamentale du pays. L’opposition exige en effet le rétablissement de la Constitution de 1992 qui limitait le mandat présidentiel. Ainsi, le président Faure Gnassingbé ne pourrait pas se représenter pour un 4e mandat. Mais le chef le camp présidentiel n’entend nullement pas cela de cette oreille. La coalition de l’opposition a donc claqué la porte des pourparlers.
Et comme si cet imbroglio ne suffisait pas, d’autres incidents sont venus empirer le climat déjà délétère entre pouvoir et opposition. « Des militaires ont passé à tabac les populations de Kparatao, village d’origine du président du PNP (Tikpi Atchadam, Ndlr); une attitude contraire à l’esprit d’apaisement souhaité par tous », a indiqué un communiqué de la coalition, ce lundi 5 mars.
Le communiqué révèle par ailleurs que « le jeudi 1er mars, le pouvoir a nommé les présidents des CELI (Commission électorale locale indépendante), montrant ainsi, par cet acte, sa volonté de continuer à conduire de manière solitaire et unilatérale le processus électoral, malgré la demande contraire émise par le dialogue ».
En d’autres termes, l’opposition reproche au pouvoir de pratiquer des exactions sur ses partisans et surtout de préparer des fraudes massives aux élections de 2020.
Réunis ce lundi 5 mars, les 14 partis de l’opposition ont donc annoncé la reprise des manifestations antigouvernementales dans les prochains jours. Si ce projet est effectivement mis à exécution, le président ghanéen, médiateur dans la crise et qui a un agenda particulièrement chargé ces derniers temps pourrait être mis en difficulté dans le dossier togolais.