Le lundi 26 février, Francis Wodié est sorti de son mutisme pour se prononcer sur la situation politique de la Côte d’Ivoire. Il a par ailleurs adressé un subtil message au Président Alassane Ouattara concernant la tenue des élections sénatoriales.
Sénat, Francis Wodié invite Ouattara à revoir sa position
Le mercredi 14 février 2018, le chef de l’État ivoirien, Alassane Ouattara, a pris une ordonnance relative à l’organisation et au fonctionnement du Sénat. Ainsi, les premières élections sénatoriales en Côte d’Ivoire se tiendront le 24 mars prochain.
Le porte-parole du gouvernement Bruno Koné a indiqué que ce choix répond au fait que le Sénat doit être mis en place avant la rentrée parlementaire prévue en avril, conformément à la nouvelle Constitution. En clair, cette décision du Chef de l’État vise à accélérer le processus électoral d’autant plus que « le Sénat doit s’installer dans un délai précis après la première session de l’Assemblée nationale ».
Toutefois, cette ordonnance est mal appréciée par l’opposition qui y voit une mainmise du pouvoir sur le processus électoral en Côte d’Ivoire. Il faut dire que la loi organique portant organisation et fonctionnement du Sénat, qui devait en principe être soumis à l’avis des députés, a été prise « de façon solitaire et unilatérale » par le régime Ouattara.
« Comment le Chef de l’État peut-il s’arroger un pouvoir qu’il n’a pas au regard de la Constitution et pour lequel il n’a reçu aucune habilitation de l’Assemblée nationale ? Cette initiative du gouvernement est une intolérable violation de la Constitution ivoirienne », s’est indigné Martial Ahipeaud, 1er leader de la FESCI.
C’est fort de cet aspect que l’émérite professeur de droit, Francis Wodié, au sortir de sa rencontre avec le président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI-RDA), Henri Konan Bédié, avait tenu à se prononcer sur l’ordonnance prise par le président Ouattara. « J’ai un point de vue en tant que juriste, j’ai un point de vue en tant qu’homme politique. (…) La Constitution est assez claire. (…) Ce sont des points importants, mais ce ne sont pas les seuls. Il y a des problèmes juridiques, mais il y a surtout les problèmes politiques », a-t-il souligné.
L’ancien président du Conseil constitutionnel invite donc le Président ivoirien à revoir sa position quant à la tenue des élections sénatoriales. « Il faut pouvoir les régler autant que possible, de manière consensuelle, parce que ce pays (…) en a besoin et la paix ne peut reposer que sur l’accord et sur le consensus », a-t-il recommandé.