Cela faisait un moment qu’on n’avait plus entendu Francis Wodié, ancien président du Conseil constitutionnel, s’exprimer sur la situation sociopolitique de la Côte d’Ivoire. Ce lundi 26 février, il est sorti de son mutisme pour prévenir la classe politique ivoirienne : « Il y a des risques affrontements ».
Francis Wodié tire la sonnette d’alarme
L’ex-Président du Conseil constitutionnel Francis Wodié a été reçu en audience par le Président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), Henri Konan Bédié. Les deux leaders politiques ont eu un tête-à-tête on ne peut plus franc et cordial.
À l’issue de cette entrevue, le fondateur du Parti ivoirien des travailleurs (PIT) a décidé de se prononcer sur la situation sociopolitique du pays, notamment en ce qui concerne l’organisation des prochaines élections. « Nous sommes préoccupés par l’évolution de la situation, et il y a déjà des germes de tensions et des risques d’affrontements », a alerté M. Wodié.
Il faut dire que depuis quelques semaines, la scène politique ivoirienne est émaillée de vives critiques et de défiance entre partis de l’opposition et le régime Ouattara. L’opposition ivoirienne insiste pour la réforme de la Commission électorale indépendante (CEI). Les deux tendances du FPI, ainsi que plusieurs autres mouvements politiques exigent le départ de Youssouf Bakayoko et certains membres de commission centrale de la CEI afin que les prochaines élections locales (municipales, régionales et sénatoriales) se tiennent dans des conditions de régularité, de transparence, de crédibilité et de paix.
Certains cadres du parti septuagénaire estiment que les dispositions juridiques et statutaires qui fondent le fonctionnement de l’organe chargé d’organiser les élections sont caduques. Les parlementaires PDCI ont clairement refusé de former un seul et même groupe parlementaire RHDP, malgré les incessants appels du RDR à aller en Parti unifié.
En dépit de toute cette pression, les autorités ivoiriennes ne semblent point courber l’échine. Mieux, le Gouvernement a décidé d’accélérer le processus électoral. Par une ordonnance prise en Conseil des ministres, le président Alassane Ouattara a indiqué les conditions de participation aux prochaines élections sénatoriales. L’élection des premiers sénateurs ivoiriens est prévue pour le 24 mars prochain. Néanmoins, depuis le lancement du dépôt des candidatures par la CEI, aucun candidat n’a encore déposé son dossier de candidature.
Selon l’éminent professeur de Droit, le pouvoir Ouattara va trop vite à l’organisation des élections. Il serait judicieux de dialoguer avec les différents partis politiques en vue d’éviter des tensions lors de ces joutes électorales.
« Nous pensons qu’au sortir de l’expérience de 2010 et 2011, il y a lieu de prendre des dispositions dès maintenant permettant aux Ivoiriens de marcher vers la fin effective de la crise que nous avons connue (…) Les Ivoiriens doivent se rencontrer et se parler (…) Chacun doit dire comment il voit le problème afin de trouver des solutions communes pour l’avenir du pays », a recommandé Francis Wodié.