Le Rassemblement des républicains (RDR) veut disparaitre de l’échiquier politique en Côte d’Ivoire. Ses dirigeants préparent, selon la Lettre du continent (LC), sa mise à mort pour la naissance d’un nouveau mouvement dans lequel devraient se fondre quelques micros partis politiques ivoiriens.
La disparition du RDR de la scène ivoirienne est proche
Le RDR, c’est une histoire qui dure depuis 24 ans. Georges Djeni Kobena, ancien cadre du Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI RDA), avait claqué la porte de celui-ci suite à une frustration. La parole lui avait été refusée lors d’un congrès à l’Hotel Ivoire. Il a ensuite lancé son parti qui sera parrainé par le tout aussi frustré de l’époque, un certain M. Alassane Ouattara.
Après plusieurs années de lutte, malgré la mort de son fondateur Georges Djeni Kobena, le RDR est parvenu au pouvoir mais en grande partir grâce au PDCI qu’il avait quitté. Les deux alliés ont géré ensemble le pays lors du premier mandat d’ Alassane Ouattara, mais des dissensions profondes sont nées ces derniers mois. Ils avaient pourtant envisagé un mariage, à savoir créer un mouvement qui allait de nouveau les réunir avec l’inclusion des autres partenaires comme le Mouvement des forces d’avenir (MFA) ou encore l’autre infirme parti l’Union pour la démocratie et la paix en Côte d’Ivoire (UDPCI).
Pour le PDCI, l’alliance avec le RDR laisse un goût amer puisque ce parti ne semble plus vouloir respecter le deal qui les avait réunis, à savoir l’alternance en 2020 que devrait incarner un membre du Parti Démocratique de Côte d’Ivoire. Il faut dire que des cadres du RDR nourrissent la nouvelle ambition de succéder à leur mentor Alassane Ouattara en 2020, ce qui suppose que le parti au pouvoir ne soutiendra pas le candidat PDCI déjà annoncé par Henri Konan Bédié.
Tous les cadres du PDCI ne soutenant pas l’idée de laisser le RDR poursuivre la gestion du pays après 2020 sont renvoyés du gouvernement, ce qui désagrège peu à peu l’alliance RHDP née au deuxième tour de la présidentielle de 2010. Le PDCI envoie ces derniers mois des signaux d’une possible alliance avec des forces politiques de gauche en vue de la présidentielle de 2020.
Alors que le RDR veut par tous les moyens former un parti fort avec le PDCI, le parti fondé par Félix Houphouët-Boigny s’est dernièrement rapproché du Font Populaire Ivoirien (FPI) de Laurent Gbagbo à cause de la crise de confiance née des déclarations maniérées de dirigeants du RDR. Le clan géré par Affi N’Guessan du FPI a déjà affiché son souhait d’une alliance avec le PDCI et la faction pro-Gbagbo de ce mouvement y songe elle aussi très sérieusement.
L’impossible résistance du RDR à une alliance PDCI – FPI
En réaction, le RDR qui sera mis en minorité si le PDCI et le FPI s’unissent cherche à contourner ce plan de l’allié d’hier. En plus de draguer des proches de Laurent Gbagbo, le RDR serait sur le point de changer de nom, selon la LC. Le périodique en ligne, avance que le parti d’ Alassane Ouattara « s’apprête à changer d’appellation et à fonder un vaste parti houphouëtiste, en dehors du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci) d’Henri Konan Bédié. Cette stratégie consiste à contourner l’ex-président… Le chantier est avancé avec des statuts déjà prêts. Il est piloté sous la bénédiction d’Alassane Ouattara, par la patronne du Rdr, Henriette Dagri Diabaté ; son Vice-président Amadou Gon Coulibaly ainsi que la Secrétaire générale, Kandia Kamissoko Camara.»
Un parti houphouëtiste sans le PDCI, c’est « c’est comme le Barça sans Messi », ça peut jouer, mais ça ne fera peur à personne. Pourtant, le RDR est prêt à prendre le risque. Il en est convaincu, la symbolique du parti qui va rassembler plusieurs autres suffira à ses communicants pour faire croire à l’international qu’il est le plus fort du paysage politique ivoirien. La nouvelle alliance qui serait alors formée du MFA, peut-être aussi des Forces Nouvelles et de l’UDPCI, serait renforcé par le débauchage de certains cadres du PDCI, à savoir le Vice-président de la Côte d’Ivoire M. Daniel Kablan Duncan, M. Jeannot Ahoussou Kouadio et du gouverneur de Yamoussoukro, M. Augustin Thiam, tous déjà très proches du parti au pouvoir.
Le petit problème avec ce calcul, c’est que la masse votante ne serait pas forcement plus importante pour le RDR. Le parti d’ Alassane Ouattara partage déjà ses militants avec les Forces Nouvelles. Le MFA qui n’est plus dirigé par Anaky Kobéna et l’UDPCI d’ Albert Mabri Toikeusse sont tout sauf de véritables convoyeurs de votants. Ce plan casse-gueule du RDR annonce donc au mieux son éviction du pouvoir en 2020 ou de nouveaux troubles dans le pays si le candidat qu’il aura porté tentait de faire croire qu’il a gagné les élections à venir.
Malgré les deux mandats obtenus par le président Alassane Ouattara, rien à ce jour ne prouve que le RDR et son poulain Forces Nouvelles rassemblent à eux deux plus de votants que le seul FPI de Laurent Gbagbo ou le PDCI, à plus force raison une alliance de ces deux plus grandes formations politiques du pays.
L’imposible succès d’un schéma « La République en marche » en Côte d’Ivoire
L’idée pour les cadres du RDR est d’imiter le président français Emmanuel Macron avec La République en marche. Contrairement au RDR, qui s’éloigner ici du PDCI qui a fait sa force, l’actuel chef de l’État français a profité d’un heureux concours de circonstances pour se faire élire avec son mouvement.
Les Français voulaient du nouveau à la tête de leur pays puisqu’ils étaient harassés par la Droite et la Gauche qui se prêtaient le pouvoir depuis plusieurs décennies. L’absence de leaders forts chez ces deux géants de la politique française à la dernière présidentielle avait aussi aidé Macron, ce qui montre toute la différence avec la Côte d’Ivoire où les militants votent les candidats désignés par leur formation politique de cœur.
La mise à mort du RDR pour une nouvelle alliance sans le PDCI pourrait avoir des conséquences hautement regrettables pour les actuels dirigeants. Il n’est pas non plus assuré que les Forces Nouvelles soient pour cette nouvelle alliance, sauf si le candidat qui en sortira se nomme d’office le très futé SORO Guillaume, ce qui, dans ce cas seulement, changerait la donne •