Le président de Leader Mamadou Koulibaly était à La Haye avec son épouse en visite au président Laurent Gbagbo. Selon cette information de La Lettre du Continent, les deux hommes politiques ivoiriens auraient échangé deux heures durant. Les dessous de cette visite ?
Qu’attend Mamadou Koulibaly de Gbagbo ?
Avant la chute de Laurent Gbagbo, la relation entre lui et Mamadou Koulibaly était certes devenue glaciale, mais rien ne présageait une rupture définitive entre les deux hommes. C’est pourtant ce qu’a fait celui qui fut le président de l’Assemblée Nationale sous le régime de la Refondation, lorsque celui qui était le chef de l’État s’est fait arrêter par une horde de rebelles aidés par la France de Nicolas Sarkozy.
Alors qu’ Affi N’Guessan recommandait à tous les cadres du FPI de tenir leurs positions afin de s’en servir plus tard comme moyen de pression pour négocier une paix sociale avec Alassane Ouattara, Mamadou Koulibaly s’était précipité au Golf pour faire allégeance à l’actuel président. Désormais au tapis, le FPI n’avait plus vraiment de marge de manoeuvre et cela se constate aujourd’hui encore dans son rapport de force avec le régime d’Abidjan.
Mais celui que les jeunes frontistes appelaient affectueusement « Kouliby » ne s’est pas arrêté là. Plutôt que de lutter pour faire entendre sa voix au sein du FPI de Laurent Gbagbo, il a crée Lider, un parti politique qui n’a jamais su en imposer sur l’échiquier politique national malgré l’indiscutable intelligence de son fondateur.
Pour bon nombre d’Ivoiriens, surtout pour les pros-Gbagbo l’ancien PAN a joué la carte de sa mort politique. Il est aujourd’hui encore considéré comme un « lâcheur » et cela se voit dans les difficultés qu’il rencontre à chacune de ses opérations de mobilisation des masses. Après plusieurs années d’errements qui l’ont parfois amené à tisser alliances mal-ficelées ou coalition, ce qui participera à lui coller une deuxième étiquette d’opportuniste, « Koulby » s’est rendu à l’évidence. Il sait aujourd’hui qu’il va lui falloir bien reculer avant d’envisager le grand saut.
Mamadou Koulibaly à la tête de l’opposition pour 2020 ?
En allant à La Haye pour rendre une visite à Laurent Gbagbo, le patron de Leader qui n’avait pas écarté l’idée d’un retour au FPI, lors d’un rassemblement à Yopougon, semble avoir enclenché la manoeuvre. Pour éviter de se tromper de FPI, étant donné que deux tendances s’opposent, il a eu la claire idée d’aller rencontrer « le duc » qui tire les ficelles depuis son 9M2 à La Haye.
Pour l’heure, on sait que le président Laurent Gbagbo a accepté de recevoir le brillant professeur d’économie qu’il n’est pas moins, ce qui n’est pas rien lorsqu’on sait que le Woody n’a toujours pas accepté les demandes de parloirs d’Affi N’Guessan. Ce dernier passe chez « les Gbagbo ou rien » pour un usurpateur du titre de président du FPI. Il faut dire que Gbagbo ne reconnait que son ami Aboudramane Sangaré comme représentant de son parti. Et sans surprise, c’est vers celui-ci qu’il devrait diriger son ancien poulain. De toute façon Mamadou Koulibaly avait déjà initié des échanges avec Sangaré dans le cadre de la Coalition nationale pour le changement (CNC).
Si le rêve de Mamadou Koulibaly de représenter toute la gauche à la présidentielle de 2020 est réel, Gbagbo qui ne prend aucune décision à chaud, Jacques Chirac et Dominique de Villepin en savent quelque chose, devrait prendre son temps pour analyser tous les contours de la chose. Pour l’heure, c’est le faux procès pour « crime contre l’humanité » que lui imposent certains diplomates français et des procureurs véreux de la CPI, selon Médiapart, qui le préoccupe.
Et donc, Mamadou Koulibaly n’a obtenu de Gbagbo que le droit de lui rendre visite avec un petit « pour le reste on verra plus tard ».